Première partie

(à traiter par tous les candidats) :


SUJET : Analyse méthodique d’un corpus d’œuvres et réflexion sur certains aspects de la création artistique. (5 documents en annexe)

À partir de la sélection d’au moins deux œuvres du corpus que vous analysez, développez une réflexion personnelle, étayée et argumentée, sur l’axe de travail suivant : la lumière comme matière, comme propos, comme sujet. Vous élargirez vos références à d’autres œuvres de votre choix.

Document 1 :

Claude Monet, « le cycle des nymphéas », 1920-1926, installation de peinture à l'huile sur toile in-situ au musée de l'Orangerie (1927), Paris, France
À titre informatif : Détail d'un des panneaux de la salle 1 du cycle des nymphéas.

Document 2 :

James Turrell, « Aural », 2018, installation, lumière rétro projetée, écran, Jüdische Museum, Berlin
Aural est une grande pièce légèrement inclinée aux contours ronds.  On trouve au fond un grand mur lumineux. L'éclairage de la pièce varie de couleur, le plus souvent imperceptiblement : du blanc, au bleu, au vert, puis au magenta

À titre informatif : Aperçu du sas d'entrée dans la pièce

Document 3 :

William Turner, «Light and Colour (Goethe's Theory)», 1843, huile sur toile, 78.5 × 78.5 cm, Tate Britain, Londres
À titre informatif : Le nom complet de la toile est : Lumière et Couleur, de son nom original Light and Colour (Goethe's Theory) – The Morning after the Deluge – Moses Writing the Book of Genesis, qui peut être traduit en Lumière et couleur (la théorie de Goethe), le matin après le déluge, Moïse écrivant le livre de la Genèse

Document 4 :

Le Bernin (Gian Lorenzo Bernini), « L'extase (transverbération) de Sainte Thérèse », 1647-1652, Marbre blanc et métal doré, environ 350 cm x 200 cm x 80 cm, Eglise Santa Maria della Vittoria, Rome
À titre informatif : Vue d'ensemble de la chapelle Cornaro et de la Transverbération de sainte Thérèse

Document 5 :

Robert Delaunay, « Manège à Cochons », 1922, Huile sur toile, 248 × 254 cm, Centre Pompidou, Paris

Deuxième partie

(sujet A ou B au choix du candidat)


SUJET A : Commentaire critique d’un document sur l’art

Comment pourriez-vous éclairer la question de l'impossibilité à saisir l'art de certains peintres en photographie dont témoigne le document suivant ?
Interview de Pierre Soulages par Patrick Vaudray (extrait) : in "Le matériau, voir et entendre", "Rue Descartes", collège international de philosophie, PUF n°38, décembre 2002. Parution : 15/08/2002 (lien)

RETRANSCRIPTION DU TEXTE :

Dans votre dernière période connue que vous appelez vous-même « outrenoir », on voit des toiles saturées de peinture noire ; or, dans notre culture le noir revêt souvent une valeur négative, comme absence de lumière et absence de couleurs. Qu’en est-il dans votre œuvre ? S’agit-il d’une sorte d’ascèse ou de neutre pour révéler autre chose, la matière de la peinture par exemple ? Quel est ce noir que montre votre peinture ?

En vérité, cette peinture, vous avez raison de l’appeler noire parce qu’elle est faite d’un unique pigment, un pigment noir, bien sûr avec un liant, et la totalité de ce pigment recouvre la toile, mais je ne travaille pas avec ce pigment aussi bizarre que cela puisse paraître ; ce qui m’intéresse, c’est la réflexion de la lumière sur les états de surface de cette couleur noire, états de surface qui varient. Au départ la toile est entièrement noire, et non pas blanche ou rouge comme c’est le cas traditionnellement ; les peintres traditionnellement recouvraient leur toile de rouge, Nicolas Poussin, ou de gris, Goya par exemple, dans mon cas, je la recouvre de noir ; mais lorsque je travaille avec une pâte noire, je ne travaille plus avec du noir, je travaille avec la lumière que réfléchit l’état de surface de la couleur que j’apporte.— Je dis multiple parce que ces stries ne sont pas mécaniques comme dans le cas du peigne cubiste où elles sont toutes semblables -, mais il y a des stries qui ont des angles différents. Si on compare chaque strie, il y a une crête et un sillon, et l’angle de chaque crête est différent, c’est-à-dire qu’il y a une face, une minuscule face, qui réfléchit la lumière différemment ; ce qui fait qu’on obtient une réflexion de la lumière extrêmement variée parce qu’à chaque strie il y a une réflexion différente. C’est d’ailleurs pourquoi ces peintures-là sont quasiment impossibles à photographier parce que la photographie simplifie tout ça, appauvrit toutes ces qualités de différence de lumière qui donnent des lumières différentes ; la photographie les traduit par des gris, c’est-à-dire qu’elle transforme cette peinture-là en une peinture traditionnelle.

SUJET B : Note d’intention pour un projet d’exposition
(le candidat choisit une des œuvres du corpus du sujet de la première partie pour développer son projet)

Proposez un projet d’exposition soulignant la relation intime qui unit la lumière à l'espace et au temps.