IMPRESSIONNISME
L'impressionnisme est un mouvement pictural du XIXe Siècle (1870 ~ 1890). Premier mouvement artistique de « La Modernité », il incarne la fin des académismes classiques et l'ouverture de la peinture à un public plus large, profane. Il intègre de nouvelles techniques de production des images et de nouveaux sujets issus de la vie quotidienne et influencé par l'essor technologique de l'époque.
Quand l'impressionnisme apparait, la peinture est en crise. Les artistes font face à la nature documentaire de la photographie dont l'instantanéité et la fidélité sont les atouts. Depuis Turner et les réalistes, l'art pictural a misé sur la couleur et des sujets moins pragmatiques que le portrait et l'image laudative qui sont désormais le pré carré de la photographie.
Le paysage urbain de l'époque est très industrialisé. Saturé de fumées et de suies s'échappant des usines, la ville est sale. Le soleil souvent impossible à voir. Londres, Copenhague, Berlin, Paris, sont des villes sans soleil ou presque. La mode est aux costumes noirs qui se salissent discrètement et les résidus des cheminées sont utilisés pour goudronner les rues. En France, le chemin de fer permet de s'échapper de cette atmosphère en fin de semaine pour aller en Bretagne, dans le Nord-pas-de-Calais ou en vacance dans le Bordelais, la Provence, la Touraine.
La peinture existe désormais en tube et le papier comme la toile sont devenus plus abordables grâce aux progrès de l'industrie. La mine graphite (argile + charbon) prends le pas sur la mine de plomb. L'aquarelle (pigment pur + gomme arabique) est devenu "abordable". Les peintres peuvent emporter l'atelier dans leur valise et se servir de la photographie comme "bloc note".
Cette mobilité induit une transformation dans la touche picturale. Plus rapide et moins précise, elle se focalise sur le redu général et omet volontairement le détail. Faisant "impression de", elle sera d'abord moquée avant de devenir leur marque de fabrique.
Les toiles sont plus petites pour loger dans des bagages. Moins grandes et donc moins chères à produire et à écouler. La peinture impressionniste se vends mieux et plus facilement que la peinture académique. Ses sujets, modestes, bucoliques ou triviaux, moins sérieux permettent une appréciation par un public plus large.
Les premières séries apparaissent. On représente un sujet de façon répétée pour en explorer la complexité et le comportement en fonction des heures et des jours. Le temps qui s'écoule de façon méditative devient indirectement un thème de la représentation par opposition a celui figé et informatif de la photographie.
Les impressionnistes commencent à décrire dans leur peintures un monde inconnu des citadins : la campagne et la province. Un endroit où le soleil est visible, sa lumière n'est pas blafarde et sa présence est chaude (Monet). Mais ils portent aussi un regard sur la ville. En témoins, ils prennent pour sujet des paysages d'usines et de quais de déchargement (Pissaro). Ils retranscrivent son activité, son bourdonnement, son brouillard et sa grisaille en contraste avec les franges de nature verte qui la bordent.
ROUEN
Rouen fût la capitale du Duché de Normandie. Seconde capitale de la France continentale pendant tout le moyen-age. C'est l'une des destinations favorite des impressionnistes comme Monet qui en peindra la cathédrale dans une multitude d'ambiances lumineuses.
Comme avec la Tour de Londres, Monet donne à voir un monument au fil des heures et des jours dans la lumière du jour. Aujourd'hui, on y voit surtout une méditation sur le temps qui passe et l'écoulement des heures. On imagine l'homme devant son chevalet essayant de saisir les accents de la lumière, sa couleur, rapidement, avant qu'elle ne change. On se dit que le flou ambiant est l'artefact de ce contexte d'exécution.
Mais c'est oublier que Rouen, comme Londres, c'est la ville et qu'à l'époque, on y meurt, comme à Paris, de maladies respiratoires et qu'ici, en plus d'être humide, l'air est chargé de suies. Autant que le brouillard du matin, c'est celui des usines qui brouille la vision du peintre et sa lecture du portail de la cathédrale (liste complète des toiles). Omniprésente, la pollution s'interpose entre le peintre et son sujet. Il la représente, comme la brume du matin d'impression soleil levant, la vision est ambigüe.
Plus pragmatique et moins lyrique, Pissaro peint une série du pont Boieldieu. On y voit de loin, toute l'activité de la ville moderne. De haut et de loin. Spectateur distant, il contemple ce qui se passe factuellement. Sans commentaire.
Ni belle ni laide, c'est une vision crue de l'environnement urbain qui est posée par les peintres à Rouen. Moins aseptisée qu'une photographie, elle ne prétend pas au réalisme littéral, voire simpliste de celle-ci mais donne une dimension historique et documentaire à leur peinture habituellement rangée au rang de l'iconographie bucolique.
2019
À l'époque des réseaux sociaux l'image s'est banalisée et s'échange massivement. Comment transposer le regard des impressionnistes ? Aujourd'hui, plus présente mais plus invisible, l'industrie occupe toujours le paysage de façon insidieuse et la ville de Rouen l'a rendue visible lors de l'incident de l'usine Lubrizol.
NOMS CITÉS
Nadar, Manet, Pissaro, Zola, Marx-Hengel, Vangogh
SUJET
Comment poser un regard sur l'événement de Rouen dans la lignée des impressionnistes du XIXe siècle ?
Partie 1
Faites une recherche documentaire et plastique sur les 3 composantes du sujet (Rouen, Impressionnisme, 2019) et rendez compte en 4 planches (~A3) de cette recherche qui devra proposer une ébauche de projet.
Partie 2
Concrétisez ce projet sur un format raisin.
QUESTIONS À SE POSER
Comment rendre compte d'un évènement de façon contemplative ?
Comment décrire le paysage à l'heure des réseaux sociaux et des médias de masse ? Comment retranscrire ce surgissement cataclysmique et cette disparition fugace sans poser de jugement péremptoire ou partisan ?
Rester dans le constat. Est-ce seulement possible ?
ÉVALUATION
Partie 1 :
Diversité des sources et contenus.
Lisibilité du projet posé et cohérence avec les sources de recherche.
Partie 2 :
Cohérence des moyens mis en œuvre.
Lisibilité du sujet.
Originalité de la réponse.