MORE SWEETLY PLAY THE DANCE (2015)

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MORE SWEETLY PLAY THE DANCE (2015)

William Kentridge, « More Sweetly Play the Dance » (2015), est une installation, initialement présentée à la Marian Goodman Gallery, New York en 2016. Composée d'une projection audiovisuelle diffusée en boucles sur 8 écrans et 4 porte voix, elle dure environ 15 min. La diffusion se fait dans une salle obscure, encerclée par les écrans et dont l'espace central est meublé de sièges industriels en acier et bois.

L'installation, encercle les spectateurs dans une parade de personnages apparemment sans fin. Véritable procession dansante de dessins animés et de vidéos, la frise longue de 35 mètres d’images et de son en mouvement invite à entrer dans une danse macabre tout en donnant l’occasion de réfléchir aux notions d’injustice et d’inhumanité.

Je m’intéresse à l’art politique, c'est-à-dire un art de l’ambiguïté, de la contradiction, de gestes inaboutis et d’issues aléatoires. Un art (et une politique) dans lequel l’optimisme est bridé et le nihilisme tenu à distance. Le film lui-même […] s’insère dans une série de projets qui traitent de désespoir en cette ère de disparition des utopies…

William Kentridge
Présentée pour la première fois en 2015 au musée du cinéma d’Amsterdam EYE, « More Sweetly Play the Dance » est une installation immersive et monumentale plurimédia, mêlant entre autres musique, performance, ainsi que dessins au fusain et collages que William Kentridge photographie en séquence et transforme en image animée. L’installation dépeint une procession de silhouettes à contre-jour à la manière d’un théâtre d’ombres. Elle s’étend du sol au plafond, encerclant le regardeur sommé de rejoindre cette danse macabre qui débute, conduite et rythmée par une fanfare aux accents révolutionnaires.

Une bande hétéroclite de silhouettes anonymes à taille humaine marche, danse, titube et se traîne à travers la pièce, d’un écran à l’autre, s’avançant devant un paysage dévasté, égratigné et sali de l’encre indienne de William Kentridge. Certains, malades, avancent lentement appuyés sur leur perfusion. D’aucuns traînent des ballots, des cadavres, des chariots où pérorent des hommes politiques aux allures de Chaplin dans Le Dictateur. D’autres crient dans de volumineux porte-voix, agitent des drapeaux, hissent les visages de héros connus et inconnus, chinois et romains, à la manière de manifestations sociales. On y voit aussi des musiciens et des prêtres guillerets qui se déplacent en portant des couronnes mortuaires, rappelant des images de processions funéraires. Des squelettes dansants évoquent, enfin, une danse macabre médiévale.

La composition de cette œuvre monumentale, loin de se constituer en énoncé déclaratif, sollicite la pensée associative - caractéristique du travail de William Kentridge - et le ressenti du spectateur, et se distingue ainsi par son grand pouvoir évocateur. On y devine les racines sud-africaines de l’artiste, le temps passé entre Paris et Pékin. Certaines références visuelles s’affirment : la Longue Marche de l’Armée rouge chinoise, les convois funèbres à la Nouvelle-Orléans, la célébration du Jour des Morts au Mexique... Mais la procession de silhouettes au bord de l’effondrement sous le poids des bagages, marchant en direction d’un futur incertain, fait aussi et surtout référence aux flux et traversées des réfugiés. Les réfugiés de toutes origines, de tous temps. À commencer par les images diffusées de nos jours dans les médias représentant des groupes toujours plus nombreux contraints à l’exil suite à des conflits armés. Marchant pour leur survie.

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QUESTIONNEMENTS

À quel moment un film devient-il une installation ?
L’image est-elle seulement visuelle ?
Lire une image et lire une histoire ?
La signification d'un objet est-elle seulement dans ce qu'il donne à voir ?
Où est la frontière entre art et communication ?

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