Architecte suisse naturalisé français, Charles-Édouard Jeanneret-Gris (1887-1965), est un personnage incontournable du design et de l'architecture française de la première moitié du XXe siècle. Il est l'un des chefs de file du mouvement architectural "moderne" avec Ludwig Mies van der Rohe, Walter Gropius, Alvar Aalto et Theo van Doesburg.

Son travail sur l'unité d'habitation, le conduit dès les années 1920 à repenser la ville. Il produira avec Charlotte Perriand, en particulier, divers mobiliers. Il produira des concepts urbanistiques et des aménagements intérieurs pour des modules d'habitation.

Radicaux, ses projets ont profondément influencé le style et la forme des architectures contemporaines. Misanthrope, il a été autant adulé que rejeté. Ses projets de restructuration de Paris (plan voisin) et sa vision futuriste d'une ville parcourue de machine volante n'ont jamais vu le jour. Son idéal était la vie moderne, verticale dans laquelle les immeubles seraient autonomes, comme des villes-jardins, regroupant lieux de vie, de consommation, de loisir et de production. Cette utopie demeure un idéal architectural pour ses héritiers, auteurs de tour-cité telles qu'on en voit apparaitre aujourd'hui au Qatar, par exemple.

Ambitieux et hyperactif, il consacre sa vie à construire une œuvre à son échelle et à son image. Mettant la question des proportions et de l'optimisation spatiale au centre de tout son système dont il verra l'apogée dans le Modulor. En 1945, il publiera un livre en forme de synthèse de son œuvre. Dans l'esprit humaniste de la renaissance, il produit, comme Vitruve avant lui, une échelle anthropométrique servant à concevoir la structure et la taille des unités d'habitation dessinées par l'architecte. Elle devait permettre, selon lui, un confort maximal dans les relations entre l'Homme et son espace vital. Ainsi, Le Corbusier pense créer un système plus adapté que le système métrique, car il est directement lié à la morphologie humaine, et espère voir un jour le remplacement de ce dernier.